Des mérites comparés des démocraties et des dictatures dans la sélection des dirigeants

        L’affrontement actuel entre les etats-Unis et Al Qaida, représentés par G.Bush et Ben laden, illustre à mon avis de manière saisissante l’affaiblissement des régimes démocratiques face aux systèmes autoritaires.

G.Bush a été choisi à deux reprises par des dizaines de millions d’électeurs, par un pays qui est la plus ancienne démocratie du monte (1776) et qui n’a cessé au fil des siècle de renforcer son fonctionnement démocratique jusqu’à devenir une référence pour le monde entier, voire pour les autres démocraties. Pourtant aujourd’hui, l’aboutissement de ces 2 siècles d’enracinement démocratique, c’est-à-dire la présidence de G.Bush, nous amène à nous interroger sur l’efficacité de la sélection démocratique pour assurer à nos Etats des leaders compétents et efficaces, notamment face à la sélection mise en oeuvre dans les régimes autoritaires.

Des leaders comme Ben Laden, Vladimir Poutine, Ahmadinejad ont une supériorité intellectuelle, tactique, stratégique…évidente sur bon nombre de dirigeants démocratiquement élus : Bush, Berlusconi, Chirac…

Il sont devenus des dirigeants de leur pays ou de leur organisation de manière autoritaire, voire sanglante. Ils ont dù pour accéder et se maintenir au pouvoir utiliser des méthodes brutales, éliminer parfois physiquement leurs rivaux et résister aux attaques du même genre de la part de leurs adversaires, jusqu’à en sortir victorieux. Ils sont le produit d’une "sélection naturelle" particulièrement dure et âpre.

A l’inverse, dans les démocraties anciennes, l’apaisement de la vie politique, la quasi disparition des clivages politiques, l’atténuation majeure de la violence des affrontements politiques a très nettement diminué l’importance des qualités de combattivité, voire d’agressivité, pourtant essentielles dans le contexte acutel diplomatique ou économique.

Le mode de sélection des dirigeants porte plus sur la capacité à communiquer, à séduire voire à manipuler, que sur l’aptitude à combattre ses adversaires, leurs idées ou leurs leaders.

     Les grands affrontements politiques des 19ème et 20ème siècles entre les classses sociales, entre les démocrates et les fascistes, les ouvriers et le patronat, la gauche et la droite etc… ontmarqué et rythmé la vie des institutions et ont amené au pouvoir des leaders de valeur : Gambetta, Clémenceau, Blum, De gaulle, Miterrand …, tous issus d’une lutte idéologique féroce pour le pouvoir.

L’apaisement actuel et le consensus global qui prévalent dans la vie politique ne peuvent que favoriser que ceux qui savent jouer sur les émotions, le sentiments des peuples, sans forte contradiction puisque les affrontements idéologiques et politiques ont disparu.

Au-delà des risques de démagogie et de manipulation qu’elle contient, cette dérive a pour conséquence de porter au pouvoir des hommes dépourvus de qualités de leaders et d’homme d’Etat. Le contraste est à cet égard saisissant entre O. Ben Laden et G.Bush. Ce dernier est ainsi tombé dans le piège pourtant grossier tendu par Al Qaida en ouvrant plusieurs fronts entre l’Occident et les régimes musulmans, permettant ainsi à l’intégrisme de se développer de manière historique.

     L’exemple de la France montre également que le processus de sélection des dirigeants ne fonctionne pas. La 5ème république a bâti des institutions destinées à sélectionner le meilleur candidat pour accéder au pouvoir suprême c’est-à-dire la Présidence de la république. L’élection du suffrage universel du président devait permettre au meilleur homme politique ou en tout cas à un homme de valeur, souvent leader de son parti, de prendre le pouvoir et de l’exercer de manière souveraine. Ce processus a fonctionné jusqu’en 1981, dernier épisode de l’affrontement idéologique en France.

Les élections de J.Chirac en 1995, puis en 2002, ont montré que le mode de sélection ne fonctionnait plus. En effet, ce dernier a été choisi bien plus pour ses qualités humaines et la sympathie qu’il inspirait que pour ses capacités de dirigeant. Le bilan tiré, tant à gauche qu’à droite, après 12 ans de pouvoir est unanime. L’apaisement de notre vie politique, l’anéantissement quasi complet des idélogies la désaffection des citoyens pour le débat politique conduisent donc à la désignation de dirigeants sans envergure et sans qualités d’homme d’Etat.

     Souvenons-nous que la Monarchie française s’est effondrée quand la succession dynastique s’est effectuée de manière pacifique à deux reprises lui amenant des dirigeants qui n’avaient pas eut à combattre pour accéder au pouvoir et qui se sont révélés médiocres et incapables de faire face aux situation qu’ils ont rencontrées.

     Il ne s’agit pas dans cette réflexion de promouvoir les dictatures dont on sait le prix terrible qu’elle font payer aux pays et à leurs peuples, mais d’appeler à la vigilance sur le fonctionnement de notre système démocratique dont la pérennité dépend de son efficacité.

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