Ségolène Royal : la victoire de l’affectif

 

On présente dans les médias ou au sein du parti Socialiste la victoire de Ségolène Royal comme un renouveau de la politique, tant sur la forme que sur le fond.

Mais n’est-ce-pas plutôt le dernier épisode de son affaiblissement ?

L’image qu’aura donnée Ségolène Royal aura été le facteur véritablement déterminant, voire unique, de sa popularité et de sa victoire aux primaires socialistes. Si elle avait mesuré 1m55, pesé 60 kgs, avec un visage banal et des cheveux courts, aurait-elle eut le même succès, la même aura ? Evidemment non.

C’est donc l’image, l’apparence qu’elle a donnée de dynamisme, de renouveau, d’amour même auprès de ses partisans qui a entraîné la décision.

Nous sommes là bien loin des leaders charismatiques de la gauche, Gambetta, Jaurès, Blum, Mitterrand qui fondaient leur aura sur leur raisonnement, leur vision de la société et du monde, leur éloquence, au-delà du rapport affectif qu’ils pouvaient nouer avec le peuple.

Car la force de S.Royal est d’avoir établi un lien affectif extrêmement fort avec les militants. Ce lien d »amour » est tellement solide qu’il lui a permis de surmonter ses déclarations les plus hasardeuses, son manque de fond, son éloquence incertaine et son arrogance à peine masquée.

C’est cette relation unique qui lui a donné sa force et lui a permis de triompher d’adversaires bien plus expérimentés, habiles et intelligents mais qui, face à ce lien quasi charnel qu’ils n’ont pas compris, n’avaient aucune chance.

C’est ce lien qui a permis à ses sympathisants d’être totalement imperméables à toutes les critiques objectives qu’on pouvait adresser à leur chef de file.

Certes, l’élection présidentielle est une rencontre entre un individu et un peuple et la puissance du lien affectif est un élément déterminant de la victoire.

Mais à ne faire reposer l’adhésion à un leader que sur l’affectif on prend le risque de la démagogie, de la dérive d’un chef tout puissant puisqu’il tient ses partisans.

Le rayonnement de S.Royal au soir de sa victoire était à ce titre éloquent : elle rayonnait de la puissance et de l’emprise qu’elle avait sur ses partisans.

Le risque évident de ce type de situation est de tomber dans une relation asymétrique où le peuple n’a plus de prise sur son leader et où donc les gardes-fou disparaissent.

Il ne s’agit certes pas de comparer Ségolène Royal aux dictateurs démagogues et tyranniques qui ont émaillé l’histoire ou au leader d’une secte, mais de constater que plutôt de renouveau, il s’est agit de régression, au sens peut-être psychanalytique du terme.

Une régression de plusieurs siècles d’affirmation et d’exigence démocratique que les citoyens ont construit patiemment vis-à-vis de leurs dirigeants.

Fallait-il que les militants du Parti Socialiste soient désemparés pour abdiquer leur intelligence, leur exigence et se réfugier dans les bras rassurants d’une madone souriante.

C’est dont un soir amer et rageant pour la gauche, et la démocratie dans son ensemble.

6 commentaires sur “Ségolène Royal : la victoire de l’affectif

  1. Sarkozy a perdu l’élection présidentielle !!

    A droite c’est « règlement de compte à OK Corral », les porte-flingues de Chirac sont de sortie pour « faire la peau de Sarkozy » coûte que coûte !! Nous ne nous en plaindrons pas tant Sarkozy est le chantre de la droite extrême et de l’extrême droite.

    Sarkozy va donc se raidir un peu plus pour se défendre et ça va « défourailler » dans tous les sens : attention aux balles perdues, les « tontons flingueurs » sont de retour, le talent en moins !!

    De l’autre côté, sœur Marie-Ségolène est en lévitation et a posé le pied sur la première marche qui mène au Firmament : il lui en reste deux à gravir ! Frère Dominique et Frère Laurent se relèvent à peine, groguis qu’ils sont encore !

    Bientôt, elle guérira les lépreux, touchera les écrouelles et fera marcher Lazare mais ne comptez pas, pour autant, qu’elle nous mène en bateau !

    Oui, Sarkozy a perdu la présidentielle de 2007 en raison de 4 facteurs :

    – son idéologie de droite extrême et d’extrême droite ;
    – les coups venant des porte-flingues de Chirac ;
    – Le Pen fort d’avoir, selon lui, éliminé Jospin en 2002, voudra en cadeau d’Adieu à la politique éliminer, symétriquement, Sarkozy ;
    – Marie-Ségolène chasse sur les terres et l’idéologie sarkozystes

    La société française veut un second tour Bayrou / Royal et c’est au centre gauche que se jouera l’élection. Les média eux, veulent un second tour Sarkozy / Royal et ne s’en cachent pas !

    Bayrou est donc condamné à être meilleur que les autres ! Condamné à être meilleur car l’UDF n’a ni l’argent ni la masse des militants des bataillons PS/RPR-UMP ; condamné à être meilleur car les médias ont fait leur choix et font tout pour l’imposer aux français.

    Bayrou doit donc marteler que le noeud gordien de la société française est la proportionnelle intégrale pour les législatives : ainsi les femmes entreront au Parlement, les chômeurs aussi, en bref toutes celles et tous ceux qui ont été exclus pendant tant d’années, trop d’années.

    Il doit y avoir une correspondance « bi-univoque » entre Bayrou et cette proposition de la proportionnelle : quand on pense Bayrou on doit penser proportionnelle et donc justice et démocratie ; quand on pense proportionnelle on doit penser Bayrou ! Cela doit être systématique et immédiat !!

    Chacun des débats, chacun des articles doivent y faire référence, cette idée doit être, à mon sens, la colonne vertébrale de la communication de Bayrou. Je ne vois pas comment ses adversaires (Sarkozy et Royal) pourront trouver l’accroche pour combattre cette idée à laquelle, pourtant, eux et leur parti s’opposent !

    La proportionnelle mettra fin aussi à ce débat de mots, démocratie participative / démocratie représentative, société civile / élus, qui ne veut rien dire et qui est symptomatique de la stratégie PS/RPR-UMP qui consiste à utiliser ces mots en guise de leurres plutôt de que régler les problèmes et la crise de confiance qui se nourrit de cette crise de représentation.

    Avec la proportionnelle de Bayrou, redonnons confiance aux femmes et aux hommes de ce pays : la France n’appartient ni aux extrêmes sarkoziens, ni à la promotion Voltaire de l’ENA (Hollande/Royal/Villepin) !!

    Rappelons que Voltaire disait qu’il était prêt à mourir pour que ses adversaires puissent s’exprimer ! Paradoxal que ces figures dites emblématiques de cette promotion de l’ENA veuillent, elles étouffer la voix centriste !!

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  2. entierement d’accord. -qui s’en étonne-

    Et tellement d’accord que j’aimerais te demander d’aller faire un petit tour chez DSK. Tu peux me mailer aussi si tu veux..

    Pierre le Belge de Lille

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  3. Au delà de vos arguments bien soupesés il ya je crois une autre dimension à l’image de Ségolène Royal auprès des gens du peuple : elle s’intéresse réellement à eux. Quid si elle avait été au pouvoir ? Qui de toutes façon corrompt. En attendant elle a réuni autour d’elle une foule qui en a ras le bol des mammouths et des assoiffés de pouvoir, intelligents certes mais centrés sur leurs nombrils. J’étais à son premier meeting porte de Montreuil et stupéfaite par l’onde de popularité qui la portait.

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  4. A l’inverse, n’y a-t-il pas aussi un excès de rationalité dans la politique classique d’aujourd’hui ? Le rationnel dans son excès peut aussi conduire au risque puisqu’il est susceptible de se dissocier de l’émotion, donc du sentiment et de l’affectif. L’affectif, et le lien, le contact, protège de la guerre lorsqu’il est couplé au rationnel.

    Je crois que le monde d’aujourd’hui manque précisément de liens. De cette capacité de se rencontrer, de faire alliance. C’est sur ce manque cruel et vécu difficilement par des citoyens en proie à l’anxiété, qu’est né la vague entretenue par S. Royal. A d’autre, au PS, de le comprendre, mais surtout d’en comprendre le sens. La politique ne doit plus se limiter à des réponses froides. Elle doit intégrer la dimension affective. Non pas comme un dogme, bien sûr, car là serait le danger effectivement. Mais comme une recherche honête de sens. A l’image du travail sur Soi et du développement personnel.

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